SOUND OF FREEDOM réalisé par Alejandro Monteverde, disponible en DVD & Blu-ray le 2 mars 2024 chez SAJE Distribution.
Acteurs : Jim Caviezel, Eduardo Verástegui, Mira Sorvino, Bill Camp, Kurt Fuller, José Zuniga, Scott Haze, Gary Basaraba…
Scénario : Rod Barr & Alejandro Monteverde
Photographie : Gorka Gómez Andreu
Musique : Javier Navarrete
Durée : 2h06
Année de sortie : 2023
Basé sur l’incroyable histoire vraie d’un ancien agent fédéral américain qui se lance dans une opération de sauvetage au péril de sa vie, pour libérer des centaines d’enfants prisonniers de trafiquants sexuels.
Alors c’est ça le film «polémique» de 2023? Rires. Nous ne reviendrons pas sur le fait que Sound of Freedom ait été distribué par la société de films chrétiens Angel Studios, qu’il ait été soutenu par les médias conservateurs américains, à vrai dire on s’en moque de tout cela. Tout comme on rigolait de la même façon pour les propos moqueurs de la droite sur Avant que les flammes ne s’éteignent de Mehdi Fikri et ceux de la gauche sur Vaincre ou mourir de Vincent Mottez et Paul Mignot. Mais soyons honnêtes, Sound of Freedom du mexicain – We Need To Build a Wall! – Alejandro Monteverde fait penser à une telenovela de pacotille, à la limite du nanar, un objet mis en scène comme un film de super-héros glauque avec un Jim Caviezel au charisme de phasme et aux yeux de carpe morte. 15 millions de dollars de budget, plus de 180 millions récoltés sur le seul sol américain, 66 millions dans le reste du monde, voilà donc l’un des films les plus lucratifs du cinéma indépendant. Difficile d’aller au bout de ces plus de deux heures de long-métrage, qui enchaîne les gros plans sur son personnage principal qui chiale (que d’un œil, mais comment fait-il ?), sur des méchants tout droit sortis de Delta Force 2 (vous savez, celui avec Billy Drago dans la peau de Rrrrramon Cota), sur des gamins traumatisés, mais qui ont l’air de revenir de Disneyland (remarquez, on peut comprendre), le tout sur une musique sirupeuse, un montage aux pâquerettes, une photo numérique sans aspérité…À fuir de toute urgence. Vous voulez un résumé du film en vidéo, précipitez-vous alors sur le clip America We Stand As One de Dennis Madalone. Ne nous remerciez pas.
«Ramon a d’abord tué son mari, puis il a assassiné son bébé, et dans le corps de l’enfant, il a passé des kilos de cocaïne et il a violé la fille… Ce n’est peut-être pas nécessaire de lui en parler quand vous la verrez. C’est une jeune femme très sensible». Ah non, ce n’est pas Sound of Freedom, mais c’est parfois à s’y méprendre. Évidemment que le sujet est sérieux, mais le traitement est tellement catastrophique que nous sommes obligés de rire à de multiples reprises au cours du chemin de croix de Tim Ballard, interprété par Jim Caviezel, qui avait déjà connu pareille épreuve il y a vingt ans sous la direction de Mel Gibson. On ne sait pas si le comédien s’est jamais remis de cette expérience spirituelle, toujours est-il que le bougre, aujourd’hui âgé de 55 ans, a continué à prêcher la bonne parole, mais pour le compte ou plutôt dans le sillage de QAnon, mouvement d’extrême droite américain, spécialisé dans les théories du complot, qui lutte afin de mettre à jour les adeptes de crimes pédophiles, sataniques et cannibales. Tout un programme donc, pas le temps de s’ennuyer avec ces gens-là et les frappadingues des deux côtés de l’Atlantique de défendre Sound of Freedom, tant que le film est plus moins rattaché au bord politique qui leur est cher.
Ceux-ci ont toutefois omis de préciser que l’on frôlait la série Z à plusieurs reprises, que tout y est tire-larmes, pathos à souhait, réalisé avec un parpaing, joué comme dans Les Mystères de l’amour. On pourrait continuer longtemps ainsi tant rien ne va, ne fonctionne ou même n’intéresse dans ce thriller de pacotille. Il est de notoriété publique que Jim Caviezel ait approuvé les éléments de la théorie du complot QAnon, Sound of Freedom rejoignant ainsi un autre spot promotionnel couché sur pellicule en 2000, Battlefield Earth de Roger Christian, inspiré d’une partie du roman Terre champ de bataille du romancier L. Ron Hubbard, fondateur de la scientologie. Là où John Travolta avait foncé tête baissée en se foutant complètement de son look improbable, Jim Caviezel se la joue Jésus encore une fois, certaines affiches n’hésitant pas à y aller franchement en éclairant l’acteur d’une lumière quasi-mystique. Jésus II le retour donc, «maint’nant ça va chier!», et le sieur Caviezel n’hésitant pas à se faire passer pour un pédophile lui-même, sans le côté excès de sébum et lunettes à double foyer, mais en arborant une chemise à fleurs qui ferait même peur à Henry-Jean Servat.
Mira Sorvino est aussi au générique de ce machin filmé, transparente, à tel point qu’on ne la reconnaît même pas, Bill Camp (Dark Waters, Liaisons à New York) joue un cliché ambulant avec son barreau de chaise toujours allumé et sa chemise immonde aux aisselles inondées de sueur. Seul l’excellent Kurt Fuller (Minuit à Paris, Eve of Destruction, Miracle Mile) s’en tire pas trop mal dans un rôle pourtant très réduit, mais c’est une exception, car dans l’ensemble la distribution en fait des caisses et donne l’impression d’avoir eu un boulet à traîner pendant tout le tournage pendant qu’elle débitait des dialogues ineptes.
Sound of Freedom est une ode au militant anti-traite des êtres humains et agent du gouvernement américain Tim Ballard, évidemment lui aussi très proche de QAnon. Du moment que tout ce beau monde a depuis découvert une totale liberté de mode pensée cosmique vers un nouvel âge reminiscent, on leur souhaite, en l’état ils nous ont livré un beau truc fumant sorti du fondement de l’esprit (ou de celui placé plus bas dans l’anatomie) et depuis la sortie du film Tim Ballard, père de neuf enfants (à chaque saillie, un môme quoi), est accusé par près d’une dizaine de femmes de comportements sexuels inappropriés. Faites ce que je dis, pas ce que je fais. On attend la suite, ce serait drôle, avec pourquoi pas Joe Biden qui se joint à la partie pour raconter comment il joue au docteur (sénile) avec les petites filles. En attendant, revoyez ce chef d’oeuvre qu’est Spotlight de Tom McCarthy.
C’est tout naturellement chez SAJE Distribution, que Sound of Freedom apparaît dans les bacs en DVD et Blu-ray, après un rapide passage dans les salles françaises avec 134.000 entrées. Visuel démonstratif, dans le ton du film quoi, menu principal animé et musical.
Aucun bonus. Ah si, des bandes-annonces.
L’Image et le son
Malgré le très mauvais score de Sound of Freedom au box-office français, Alejandro Monteverde peut compter sur SAJE Distribution pour le service après-vente. En effet, l’éditeur livre un beau master Standard, aux contrastes solides et au piqué agréable. Les ambiances nocturnes sont souvent élégantes, la colorimétrie bien restituée, et le relief probant aux quatre coins du cadre large. Seuls quelques petits fourmillements sur les arrière-plans viennent ternir un peu le visionnage, mais rien de bien méchant.
Les mixages Dolby Digital 5.1 anglais et français instaurent un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également quelques séquences. Les pistes Dolby Digital 2.0 se révèlent dynamiques et même percutantes.